

Salut
C'est Nicky, sur cette page, j’ai décidé de vous raconter mon histoire. Pas en vidéo. Pas en images. Juste avec des mots. Une histoire différente, forgée dans l’effort, la casse, la reconstruction. Prenez le temps. Lisez-la. Vous comprendrez mieux pourquoi je fais tout ça.
Mes origine.
Je suis né dans une maison en bois, au milieu d’un petit bois. Mon père avait construit la maison. Il dirigeait un club d’escalade. Et moi, avant même de marcher, j’étais déjà suspendu à une corde. À 12 ans, j’avais fait ma première grande voie de 220 mètres. Tous nos week-ends, c’était corde, baudrier, falaise, tyrolienne artisanale tendue entre deux arbres. On ne jouait pas à grimper : on grimpait pour de vrai.
Le vélo est arrivé vite, et il m’a happé. Pas pour la vitesse. Pour la technique. Les wheelings. Les sauts. Les trajectoires. Je fabriquais mes propres bosses avec des pelles dans le jardin. Je testais, je chutais, je recommençais. Une fois, j’ai sauté un muret d’1m80 dans le village. J’ai cassé ma jante. J’ai dû appeler ma mère pour rentrer. C’était ça, ma vie : comprendre le mouvement, chercher la limite, fabriquer ce qu’il manquait.
À 14 ans, j’avais déjà huit ans de kayak de compétition derrière moi. Trois entraînements par semaine. Vélo le samedi, kayak le dimanche, escalade le lundi. Le sport, chez moi, ce n’était pas une activité. C’était l’air qu’on respirait. Et moi, j’étais connu comme “le sportif du collège”. Mais derrière ce titre, il y avait surtout un truc : j’étais obsédé par le geste juste, par le pilotage, par l’équilibre. Par la maîtrise.
Le moment où tout bascule
À ce moment-là, j’étais en train de construire mon avenir. Et en une seconde, tout a basculé.
J’avais terminé le collège. J’étais sur une lancée claire : après des années de sport, de technique et de passion manuelle, j’avais choisi d’intégrer un lycée professionnel en mécanique auto. J’avais été accepté. J’étais fier. L’été commençait, je profitais de cette parenthèse de liberté avant la rentrée, avec des amis, des projets, des rêves plein la tête. Et puis, un soir d’août, dans mon village, tout a changé. Je roulais à moto, doucement, avec deux copains. À une intersection, une voiture a grillé un stop. Elle m’a percuté de plein fouet. Mon corps a été projeté. Mon dos a heurté les marches d’un escalier en pierre. Deux vertèbres brisées. Le moteur de la moto m’est retombé dessus. Mes côtes ont cédé. Mes poumons ont été perforés. Puis, plus rien.
Transport d’urgence. Hôpital local, puis hélicoptère pour Bordeaux. Mon pronostic vital est engagé. Mon cœur s’arrête. Une fois. Deux fois. On tente de me maintenir en vie. Je suis plongé dans un coma profond. On ne parle pas encore de handicap. Pas même de blessures. Juste de survie. Pendant ce temps, ma famille se relaie. Trente minutes par jour. Dans une chambre où je ne suis plus visible, recouvert de câbles, de capteurs, d’appareils.
« Quand je te voyais, mon enfant, branché de partout, couvert de câbles, de tubes, de machines… le seul endroit de libre, c’était l’arrière de ta tête. Alors je posais ma main, et je grattais doucement. C’était la seule chose que je pouvais faire pour toi. Et je l’ai fait. Tous les jours. » — Ma mère
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On ne pouvait pas m’opérer. Mon état était trop instable. Pendant quinze jours, on a attendu. Puis peu à peu, j’ai commencé à revenir. Pas d’un coup. Fragment par fragment. J’ai senti des odeurs. Des bruits. Le goût d’un désinfectant sucré sur mes lèvres. Un jour, j’ai réussi à appuyer sur un bouton. À tracer une lettre. À lever un bras. C’était ça, mes premiers défis. Pas marcher. Pas parler. Juste : tenir. Exister. Revenir.
J’ai passé huit mois allongé. Huit mois sans m’asseoir, sans bouger seul, sans autonomie. Et ce n’est qu’à la fin, doucement, que ce mot est apparu : le fauteuil. Mais pour moi, ce n’était pas un couperet. Ce n’était pas une vérité nouvelle. C’était juste une étape. Une de plus. Et sûrement pas la dernière.
Rééducation… ou résignation ?
Après huit mois d’hôpital, on m’a transféré dans un centre de rééducation spécialisé. C’était censé être une étape vers la reconstruction. Un endroit pour m’apprendre à vivre en fauteuil. À retrouver un peu d’autonomie. Mais ce que j’ai découvert là-bas, c’était surtout une énorme incompréhension.
On m’a proposé une demi-heure de kiné par jour. Trente minutes. Pour un corps brisé de la tête aux pieds. Pour un gamin de 15 ans qui, avant l’accident, enchaînait trois sports par semaine et construisait ses propres rampes. Pour moi, c’était incompréhensible. Inacceptable. Ma famille aussi ne comprenait pas. On voulait plus. On proposait. On posait des questions. Mais on nous regardait comme si on allait trop vite, comme si on était dans le déni.
Très vite, on m’a assigné un objectif : apprendre à vivre “comme les autres en fauteuil”. On m’a mis dans des groupes, on m’a proposé du sport adapté, on m’a encouragé à intégrer un monde dans lequel je ne me reconnaissais pas. On nous répétait que la clé, c’était “l’acceptation”.
« Après l’accident, ils m’ont dit de l’accepter… Je n’ai jamais compris pourquoi.
Peut-être parce qu’eux n’avaient pas de solution. »â€‹
Mais moi, je ne voulais pas accepter un fauteuil comme une nouvelle identité. Je voulais simplement comprendre comment faire avec, et surtout, comment aller au-delà. Mon rapport au sport n’avait pas changé. J’étais toujours ce gamin qui passait des heures à chercher la bonne trajectoire en VTT, à travailler une roue arrière, à tester une figure jusqu’à la maîtriser. Et naturellement, j’ai abordé le fauteuil de la même manière. Il fallait que je comprenne comment il fonctionnait. Il fallait que je l’apprenne, que je le maîtrise, que je le pousse.
Mais ce regard-là, dans le centre, dérangeait. Pour eux, ce n’était pas normal. Ce n’était pas l’objectif. Roue arrière ? Trop risqué. Monter un trottoir ? Pas nécessaire. Pour moi, c’était essentiel. C’était une question de respect envers moi-même. Une continuité logique de qui j’étais.
Et c’est là que le fossé s’est creusé. On ne parlait pas la même langue. Eux voulaient m’intégrer dans un monde. Moi, je voulais continuer le mien.
Mais plus encore, nous, ce qu’on voulait vraiment, c’était donner tout. Tout tenter. Voir jusqu’où on pouvait aller. Peut-être qu’on ne récupérerait rien. Mais il fallait le savoir. Il fallait essayer à fond. Faire un maximum de rééducation dans un minimum de temps, tester les limites du corps, avant qu’il ne soit trop tard. Ce qu’on refusait par-dessus tout, c’était de se dire un jour :
« On aurait peut-être pu faire plus. »
On n’a pas trouvé d’accord.
Alors on est partis. Sans cadre. Sans plan. Sans structure.
Mais avec une conviction intacte :
s’il y avait un chemin à inventer, on le construirait nous-mêmes.
Sortir du cadre. Reprendre le contrôle
Quand on est sortis du centre, on n’avait plus de plan, mais on avait encore une envie claire : aller plus loin. Tenter ce que le système n’avait pas su nous proposer. On ne savait pas exactement comment. Mais on savait qu’on allait devoir chercher ailleurs.
C’est là que tout a basculé. Ma mère est tombée sur un livre : le témoignage d’une fille partie se rééduquer à Moscou. Là-bas, un médecin avait développé un protocole plus intensif, plus engagé, plus dur aussi. Rien n’était pris en charge par la sécurité sociale. Le prix était élevé. J’étais mineur. Un de mes parents devait m’accompagner. Il fallait tout payer de notre poche. Sans aide. Sans remboursement. Alors toute la famille s’est mobilisée. Congés sans solde. Aides spontanées. Petits dons. Ma sœur aussi a participé. C’était un effort collectif. Une mission.
Quand je suis arrivé là-bas, j’ai découvert un autre monde. Deux heures trente de rééducation par jour. Un encadrement soviétique, vétuste mais précis. Pas d’adaptation, pas de douceur : de la pratique, de l’intensité, du réel. Pendant trois mois, j’ai tout donné. Et les résultats ont commencé à se faire sentir. Mais dès la deuxième moitié du séjour, on avait déjà un objectif en tête : revenir avec les plans. Les plans des machines. Celles sur lesquelles j’avais travaillé, que j’avais senties efficaces. Parce que nous, on savait les fabriquer. Mon père, mon grand-père et moi, on avait la technicité pour les reconstruire. Et si on voulait continuer à progresser, il allait falloir le faire sans personne.
Alors dans les quinze derniers jours, mon père est reparti en France avec les premiers plans. Le soir, après son travail, il rejoignait l’atelier avec mon grand-père. Et ensemble, ils ont fabriqué la première machine. La même que celle de Moscou. Refabriquée maison. Prête à mon retour.
Quand je suis revenu, la machine était là. En plein milieu du salon. Pas dans un garage. Pas dans une pièce cachée. Là, au cœur de la maison. Comme un symbole. Comme une réponse.
Mais il nous manquait un kiné. Mes parents travaillaient. Ma sœur étudiait. Il ne restait que lui. Mon grand-père. Plus de 70 ans. Je lui ai proposé quelque chose de fou : devenir mon kiné. Je l’ai formé, moi-même, sur les gestes, les postures, les enchaînements. Et il a dit oui.
Alors on a commencé. Cinq heures par jour. Tous les jours. Pendant dix ans. Sans interruption. Sans relâche. Et très vite, les progrès sont arrivés.
Mais à chaque progrès, il fallait réinventer. Une posture nouvelle ? Une machine à ajuster. Un muscle qui revient ? Un outil à repenser. On bricolait. On testait. On se trompait. On corrigeait. On avançait.
C’est là, dans cette période, que tout s’est noué. J’ai commencé à me former moi-même. Mon père était prof de technologie, ancien étudiant en génie mécanique. Il m’a tout appris : le tour, le fraisage, la soudure alu, les logiciels 3D. Petit à petit, je suis devenu autonome. Parce que je n’avais pas le choix.
Je n’ai jamais travaillé pour une entreprise. Je n’ai jamais été salarié de personne. J’ai fabriqué des choses pour survivre. Pour progresser. Chaque outil, chaque machine, chaque système que j’ai construit, c’était pour moi. Par nécessité. Par engagement. Pas pour produire. Pour exister.
Et surtout, j’avais quitté le monde du handicap. Volontairement. Définitivement. Je ne voulais pas vivre dans un monde où tous les fauteuils étaient ensemble. Je voulais continuer à vivre avec mes amis, mes proches, debout. Mais pour ça, il fallait adapter le monde à mon corps.
Alors j’ai compris que si je voulais partager un sport avec eux, il fallait que je crée le matériel qui me le permette. Et c’est là que tout a commencé. Pas le handicap. La fabrication.
J’ai appris à voler. En quad
Après des années de rééducation enfermée entre quatre murs, j’ai ressenti un besoin simple mais vital : me reconnecter avec l’extérieur. J’étais à la campagne, j’avais grandi dans le mouvement, et malgré tous les progrès réalisés, quelque chose me manquait. Alors on a acheté un petit quad. Officiellement, c’était pour pouvoir faire le tour d’un terrain agricole. Prendre l’air. Respirer un peu. Mais en réalité, c’était beaucoup plus que ça.
On avait fixé une règle très simple : je ne serais pas attaché. Juste deux élastiques légers pour éviter que mes pieds ne glissent sur les roues. Mais pour le reste, rien. Le but était clair : me mettre en difficulté. Obliger mon corps à se battre pour rester centré. À engager mes abdos. À apprendre, en roulant, ce que la kiné ne pouvait plus m’apporter.
Et ça a marché. En quelques semaines, les progrès étaient visibles. Le corps se contractait. Tenait mieux. Et surtout, je reprenais goût à la vie. Ce quad, c’était un outil de rééducation extrême. Mais aussi une arme mentale. Une façon de me remettre au niveau. De redevenir quelqu’un qui agit.
Alors on a poussé plus loin. On a acheté un quad de compétition. Beaucoup plus puissant. Avec vitesses manuelles, embrayage, frein au pied… autant dire, rien d’adapté. Mais chez nous, quand ça n’existe pas, on fabrique. Mon père et moi, dans le garage, on a conçu un système de passage de vitesses à air comprimé, alimenté par une bouteille de paintball. On a usiné des pièces. On a testé. Ajusté. Et ça marchait.
Petit à petit, j’ai affiné mon pilotage. J’ai retrouvé la concentration, la ligne, le timing. Ce que je cherchais, ce n’était pas juste rouler. C’était comprendre comment piloter avec précision. Comment être rapide, propre, technique. Je n’étais pas là pour faire de la figuration. Je voulais être bon. Vraiment bon.
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Et puis est venu le moment de la première course. On s’est inscrits, sans prévenir personne. Juste un pilote de plus. On passe le contrôle technique. Je roule. Je me bats. Je finis deuxième d’une manche. Personne ne sait que je suis en fauteuil. Jusqu’à ce qu’on le découvre après la course. Et là, tout explose.
Sauf que très vite, la Fédération nous retire la licence. Officiellement pour des raisons de sécurité. Officieusement, parce que je n’étais pas dans leur moule. Ils ne savaient pas comment gérer ça. Alors à la course suivante, les autres pilotes coupent leur moteur au départ. Ils refusent de courir sans moi. Ils exigent mon retour. La licence me revient. Et à ce moment-là, je comprends que je ne suis plus seul. Que le sport peut aussi rassembler au-delà des cases.
Mais au fond, ce que j’aimais par-dessus tout, ce n’était pas la course. C’était le saut. Le vide. La maîtrise. La trajectoire parfaite. Alors j’ai fait ce que je savais faire : j’ai fabriqué ma propre rampe. J’ai pris un poste à souder. J’ai construit une rampe de freestyle. J’ai fait livrer une pelleteuse chez moi. J’ai façonné la réception. J’ai créé tout le terrain. Seul. Parce qu’il le fallait. Et j’ai commencé à sauter.
D’abord cinq mètres. Puis dix. Puis douze. Puis dix-sept et dix neuf mètre en quad, avec un corps qui ne tient pas debout.
Mais ce qui est important à comprendre, c’est que je ne l’ai jamais fait pour les autres. Je ne le postais pas sur les réseaux. Je ne parlais pas de fauteuil. Ceux qui me suivaient voyaient juste un gars en quad. Point. Je ne cherchais pas à inspirer. Je cherchais à m’élever. Littéralement.
Ce quad, c’était bien plus qu’un sport. C’était une extension de ma volonté. Un outil pour creuser encore un peu plus le fossé entre la vie qu’on me proposait… et celle que j’étais en train de fabriquer.
On a sauté des étapes. Mais pas l’essentiel.
Si vous avez lu jusqu’ici, vous avez compris : je ne cherche pas à être un exemple. Je ne cherche pas à choquer. Et surtout, je ne suis pas là pour provoquer ou caricaturer. Je sais que le handicap est un sujet sensible. Mais je ne veux pas gêner. Je veux simplement prendre ma place — la mienne. Là où je ne dérange personne. Et avancer.
Je ne cherche pas à être applaudi. Je veux juste construire. Et aller au bout de ce que je suis.
Aujourd’hui, je vis sur la Costa Brava, en Espagne. J’ai rénové une maison, investi dans un bien immobilier qui m’offre un revenu stable. Je suis autonome. Je vis bien. J’ai un bateau. Je plonge. Je fais du wakeboard, du kitesurf, de l’apnée. J’ai tenu 4 minutes 30 sous l’eau. J’ai atteint 52 mètres en plongée profonde. Je suis breveté en parapente. J’ai sauté en parachute. J’ai repoussé mon corps dans tous les axes. Et à chaque fois, j’ai dû adapter. Inventer. Fabriquer.
C’est devenu mon quotidien. Je dessine mes fauteuils. Je crée mes équipements. Je passe du plan 3D à l’impression, puis à l’usinage aluminium. Je soude. J’assemble. Je teste. J’apprends. Rien n’est sous-traité. Tout est entre mes mains.
Mais justement : tout est entre mes mains.
Et c’est là que se pose le vrai problème. Je ne peux pas tout faire, tout seul, tout le temps. Je ne peux pas mettre du budget dans la fabrication, et dans le sport, et dans la captation, et dans la stratégie. L’histoire est belle, mais la réalité est brute : aujourd’hui, je prépare une planche de wake dans ma chambre, faute d’espace. Je suis seul, parce que mon meilleur ami bosse. Je n’ai pas de quoi payer un cadreur. Je ne peux pas filmer et fabriquer en même temps. Je ne peux pas souder un prototype tout en répondant aux mails des sponsors, tout en montant des vidéos, tout en m’entraînant.
Ce n’est pas une question de talent. Ce n’est pas une question de vision. C’est une question de structure. Et aujourd’hui, ça manque de structure.
Je suis arrivé à ce moment-charnière où tout est prêt : les idées, les compétences, le vécu, la méthode. Il ne manque plus qu’une chose : l’amplification. L’espace. L’équipe. La mise en scène.
Et c’est pour ça que je viens vous voir aujourd’hui.
Parce que je ne veux pas juste faire un projet. Je veux écrire une histoire. Et la suite commence ici.
Je ne suis pas là pour demander. Je suis là pour poser sur la table ce que j’ai construit. Et vous proposer de le faire exploser.
Parce que moi, des idées de vidéos… j’en ai pour dix ans. Et si on s’y met ensemble ? Je peux vous en faire jusqu’à la fin de votre vie.
Mais attention. Je suis cette personne.
Si vous pensez que ce projet est là pour représenter ou sensibiliser autour du handicap, alors vous vous trompez déjà. Si vous m’imaginez faire du sport adapté, c’est que vous êtes à côté du sujet. J’ai quitté ce monde-là le jour où l’on m’a remis mon premier fauteuil roulant. Ce n’est pas mon monde.
Mon monde à moi, c’est vivre. C’est créer ce qui n’existe pas. C’est redessiner les règles quand elles ne fonctionnent pas pour moi. Vous, pour aller pique-niquer en haut d’une montagne avec vos amis, vous prenez vos chaussures. Moi, j’ai besoin d’un avion. De sauter. De me poser en parapente au milieu du pique-nique. De manger comme tout le monde. Puis de redécoller, et de rentrer en volant jusqu’à ma voiture. Voilà ma vie. Et le plus fou, c’est que c’est réalisable. Et filmable. Encore et encore.
Des défis comme celui-là, j’en ai des dizaines. Et le pire, c’est que je suis capable de les réaliser. Ce projet n’est pas une adaptation. Ce n’est pas une revendication. C’est une trajectoire. Un besoin de vivre. De rêver. De fabriquer. Et d’inspirer. Pour vous, ce sera peut-être un documentaire. Une opération de communication. Pour moi, ce sera simplement : vivre.
Y a-t-il une date limite ? Pas forcément. Je compte bien vivre suffisamment longtemps. Toute ma vie est défis.
Et si, pour monter à ce pique-nique, il me faut des ailes… alors Red Bull est exactement à sa place dans ce projet. C’est précisément pour cela que je viens vous chercher.
Si un jour je suis invité sur un plateau télé pour parler d’un défi, et qu’on me demande : “Et vous, le handicap, comment le vivez-vous ?
” Je pense que je serai capable de répondre :
“Je crois que vous avez invité la mauvaise personne pour parler de ça. Le handicap… je n’y connais rien. Mais si vous voulez parler du défi sportif, avec grand plaisir.”
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Je suis le genre de gars qui attache ses pieds aux pédales de la voiture avec les lacets de ses chaussures, pour pouvoir appuyer sur ses genoux avec ses mains, et faire quatre heures de route jusqu’à l’entreprise d’équipement, juste pour qu’on me pose des commandes manuelles homologuées.
Mais je suis aussi le genre de gars qui fabrique lui-même le système de vitesses sur un quad de compétition, qui fixe ses pieds avec deux élastiques, juste ce qu’il faut, et qui, avec de l’entraînement, parvient à sauter une rampe de freestyle motocross à 19 mètres. Sans oublier de caler un petit whip. Juste pour le style. Et surtout pour pas que ça fasse handi.
Une équipe. Des émotions. Une direction.
Derrière tout ce que j’ai raconté, il y a des gens. Ma famille. Mon entourage. Ceux qui m’ont porté quand je n’avançais plus. Ceux qui y ont cru quand plus personne n’y croyait. Ceux qui m’ont accompagné dans chaque idée folle, dans chaque virage, dans chaque saut. C’est pour eux aussi que je veux que ce projet aille plus loin. Parce qu’ils sont une part de moi. Une part de cette trajectoire.
Je suis quelqu’un de technique. Je teste, j’analyse, je construis. Alors j’ai voulu tester les réseaux sociaux. J’ai mis en ligne quatre vidéos. Une minute chacune. Quatre fragments de mon histoire. La troisième a fait 40 000 vues. La quatrième, 250 000. C’était sans montage, sans production, sans plan. Juste brut. Et ça a parlé aux gens. Mais ce n’est pas ça que je veux faire.
Je ne suis pas un influenceur. Je ne suis pas là pour m’auto-filmer dans une chambre à chercher des millions de vues. Ce que je veux, c’est une équipe. Une vision claire. Une histoire à écrire ensemble. Quelque chose de fort, de dangereux, de beau. Quelque chose qui exige qu’on se lève tôt, qu’on bosse dur, qu’on y croit à fond. Et qui, le jour où ça marche, nous laisse juste là, entre nous, à se regarder en silence… parce qu’on a les larmes aux yeux.
Ce n’est pas une performance. C’est une traversée.
Et il faut aussi comprendre une chose : moi, mon avenir dépend du matériel. Pas de l’acceptation. Je ne veux pas que le handicap me définisse. Je veux que le matériel me permette de le dépasser. C’est une nuance fondamentale. Parce que quand on sort du moule, quand on ne rentre plus dans les cases, il faut bien se raccrocher à quelque chose. Et la seule chose à laquelle je peux me raccrocher, ce sont mes rêves de gamin.
Mes rêves de gamin, c’est le sport extrême. C’est ce que je comprends. Ce que je ressens. Ce qui, pour moi, est simple. Brutal. Pur. C’est ça qui me fait vivre. C’est ça, ma direction. Et c’est ça, aujourd’hui, que je viens vous proposer de construire.
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Merci d’avoir lu mon histoire, et d’avoir pris le temps de comprendre mon parcours.